Sully Prudhomme -Les yeux- |
mardi, novembre 02, 2004 |
Les yeux Sully Prudhomme (1839-1907)
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux, Des yeux sans nombre ont vu l'aurore ; Ils dorment au fond des tombeaux Et le soleil se lève encore.
Les nuits plus douces que les jours Ont enchanté des yeux sans nombre ; Les étoiles brillent toujours Et les yeux se sont remplis d'ombre.
Oh ! qu'ils aient perdu le regard, Non, non, cela n'est pas possible ! Ils se sont tournés quelque part Vers ce qu'on nomme l'invisible ;
Et comme les astres penchants, Nous quittent, mais au ciel demeurent, Les prunelles ont leurs couchants, Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent :
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux, Ouverts à quelque immense aurore, De l'autre côté des tombeaux Les yeux qu'on ferme voient encore.
Los ojos
Negros o azules, amados todos, todos bellos. ¡Cuántos ojos que han visto la aurora duermen hoy en el fondo de la tumba mientras el sol continúa su carrera!
¡Cuántos ojos se han extasiado contemplando la noche, más dulce que el día! Y las estrellas siguen brillando, pero los ojos se han cubierto de sombra.
¡Oh, no; no! ¡No es posible que hayan perdido la mirada! Sin duda se han vuelto hacia otro lado para contemplar eso que llamamos lo invisible;
Y así como los astros al ponerse, aunque nos abandonen, siguen estando en el cielo, las pupilas tienen también su ocaso, pero no es cierto que se mueran.
Negros o azules, amados todos, todos bellos, esos ojos que cerramos, abiertos hoy a alguna aurora inmensa, continúan viendo desde el otro lado de la tumba.
Versión de Max GrilloLibellés : Sully Prudhomme |
posted by Alfil @ 3:16 AM |
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