Les odeurs de l’amour Benjamin Péret (1899-1959)
S'il est un plaisir c'est bien celui de faire l'amour le corps entouré de ficelles les yeux clos par des lames de rasoir Elle s'avance comme un lampion Son regard la précède et prépare le terrain Les mouches expirent comme un beau soir Une banque fait faillite entraînant une guerre d'ongles et de dents Ses mains bouleversent l'omelette du ciel foudroien le vol désespéré des chouettes et descendent un dieu de son perchoir Elle s'avance la bien-aimée aux seins de citron Ses pieds s'égarent sur les toits Quelle automobile folle monte du fond de sa poitrine Vire débouche et plonge comme un monstre marin C'est l'instant qu'ont choisi les végétaux pour sortir de l'orbite du sol Ils montent comme une acclamation Les sens-tu les sens-tu maintenant que la fraîcheur dissout tes os et tes cheveux Et ne sens-tu pas aussi que cette plante magique donne à tes yeux un regard de main sanglante épanouie Je sais que le soleil lointaine poussière éclate comme un fruit mûr si tes reins roulent et tanguent dans la tempête que tu désires Mais qu'importe à nos initiales confondues le glissement souterrain des existences imperceptibles il est midi
Los aromas del amor
Si existe un placer es el de hacer el amor el cuerpo rodeado de guitas los ojos cerrados por hojas de afeitar Ella avanza como una farola Su mirada le precede y le prepara el terreno Las moscas expiran como una bella tarde Un banco quiebra acarriando una guerra de uñas y dientes Sus manos revuelven la tortilla del cielo fulminan el vuelo desesperado de las lechuzas y descienden a un dios de su percha Ella avanza la querida de senos de limón Sus pies se pierden sobre los tejados Qué loco automóvil sube del fondo de su pecho Vira aflora y se zambulle como un monstruo marino Es el instante que han escogido los vegetales para salir de la órbita del sol Ellos suben como una aclamación Los sientes los sientes? ahora que el frescor disuelve tus huesos y cabellos No sientes también que esa planta mágica otorga a tus ojos una mirada de mano sangrante dilatada? Sé que el sol polvo lejano brilla como una fruta madura si tus lados ruedan y danzan en la tempestad que deseas Pero qué importa a nuestras iniciales confundidas el deslizarse subterráneo de la existencia imperceptible si es mediodíaLibellés : Benjamin Péret |
¡Hola!
¡Excelente publicación! Podría concretarme de qué año es el poema o si pertenece a algún poemario?
Gracias de antemano.