Tête de faune Arthur Rimbaud (1854-1891)
Dans la feuillée, écrin vert taché d'or, Dans la feuillée incertaine et fleurie De fleurs splendides où le baiser dort, Vif et crevant l'exquise broderie,
Un faune effaré montre ses deux yeux Et mord les fleurs rouges de ses dents blanches Brunie et sanglante ainsi qu'un vin vieux Sa lèvre éclate en rires sous les branches.
Et quand il a fui- tel qu'un écureuil- Son rire tremble encore à chaque feuille Et l'on voit épeuré par un bouvreuil Le Baiser d'or du bois, qui se recueille.
Cabeza de fauno
Joyel verde con manchas de oro en la enramada, En la enramada incierta y florecida De esas flores espléndidas donde duerme ya el beso, Vivaz y desgarrando el exquisito bordado,
Un fauno despavorido asoma sus dos ojos Mordiendo flores rojas con sus blancos colmillos. Morena, ensangrentada como un vino añejo, Debajo de las ramas su boca estalla en risas.
Y cuando se ha escapado —lo mismo que una ardilla— Su risa queda temblando en cada hoja Y así se ve asustado por un pardillo Beso de oro del Bosque, que ya se ensimisma
Versión de José Luis Rivas y Frédéric-Yves JeannetLibellés : Arthur Rimbaud |