Arthur Rimbaud -Roman- |
mercredi, septembre 08, 2004 |
Roman Arthur Rimbaud (1854-1891)
I On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans. - Un beau soir, foin des bocks et de la limonade, Des cafés tapageurs aux lustres éclatants ! - On va sous les tilleuls verts de la promenade.
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin ! L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ; Le vent chargé de bruits - la ville n'est pas loin - A des parfums de vigne et des parfums de bière...
II - Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon D'azur sombre, encadré d'une petite branche, Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond Avec de doux frissons, petite et toute blanche...
Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser. La sève est du champagne et vous monte à la tête... On divague ; on se sent aux lèvres un baiser Qui palpite là, comme une petite bête...
III Le coeur fou robinsonne à travers les romans, - Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère, Passe une demoiselle aux petits airs charmants, Sous l'ombre du faux col effrayant de son père...
Et, comme elle vous trouve immensément naïf, Tout en faisant trotter ses petites bottines, Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif... - Sur vos lèvres alors meurent les cavatines...
IV Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août. Vous êtes amoureux. - Vos sonnets La font rire. Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût. - Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire !...
- Ce soir-là..., - vous rentrez aux cafés éclatants, Vous demandez des bocks ou de la limonade... - On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.
Aventura
I Con diecisiete años, no puedes ser formal. ––¡Una tarde, te asqueas de jarra y limonada, de los cafés ruidosos con lustros deslumbrantes! ––Y te vas por los tilos verdes de la alameda.
¡Qué bien huelen los tilos en las tardes de junio! El aire es tan suave que hay que bajar los párpados; Y el viento rumoroso ––la ciudad no está lejos–– trae aromas de vides y aromas de cerveza.
II De pronto puede verse en el cielo un harapo de azul mar, que la rama de un arbolito enmarca y que una estrella hiere, fatal, mientras se funde con temblores muy dulces, pequeñita y tan blanca...
¡Diecisiete años!, ¡Noche de junio! ––Te emborrachas. La savia es un champán que sube a tu cabeza... Divagas; y presientes en los labios un beso que palpita en la boca, como un animalito.
III Loca, Robinsonea tu alma por las novelas, ––cuando en la claridad de un pálido farol pasa una señorita de encantador aspecto, a la sombra del cuello horrible de su padre.
Y como cree que eres inmensamente ingenuo, a la par que sus botas trotan por las aceras, se vuelve, alerta y, con un gesto expresivo... ––Y en tus labios, entonces, muere una cavatina...
IV Estás enamorado. Alquilado hasta agosto. Estás enamorado. Se ríe de tus versos Tus amigos se van, estás insoportable. ––¡Y una tarde, tu encanto, se digna, ya, escribirte...!
Y esa tarde... te vuelves al café luminoso, pides de nuevo jarras llenas de limonadas... ––Con diecisiete años no puedes ser formal, cuando los tilos verdes coronan la alameda.Libellés : Arthur Rimbaud |
posted by Alfil @ 3:00 PM |
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