Arthur Rimbaud -Première soirée- |
mercredi, septembre 08, 2004 |
Première soirée Arthur Rimbaud (1854-1891)
- Elle était fort déshabillée Et de grands arbres indiscrets Aux vitres jetaient leur feuillée Malinement, tout près, tout près.
Assise sur ma grande chaise, Mi-nue, elle joignait les mains. Sur le plancher frissonnaient d'aise Ses petits pieds si fins, si fins.
- Je regardai, couleur de cire, Un petit rayon buissonnier Papillonner dans son sourire Et sur son sein, - mouche au rosier.
- Je baisai ses fines chevilles. Elle eut un doux rire brutal Qui s'égrenait en claires trilles, Un joli rire de cristal.
Les petits pieds sous la chemise Se sauvèrent : " Veux-tu finir ! " - La première audace permise, Le rire feignait de punir !
- Pauvrets palpitants sous ma lèvre, Je baisai doucement ses yeux : - Elle jeta sa tête mièvre En arrière : " Oh ! c'est encor mieux !
...Monsieur, j'ai deux mots à te dire... " - Je lui jetai le reste au sein Dans un baiser, qui la fit rire D'un bon rire qui voulait bien...
- Elle était fort déshabillée Et de grands arbres indiscrets Aux vitres jetaient leur feuillée Malinement, tout près, tout près.
Primera velada
Ella estaba tan desnuda... grandes árboles indiscretos tendían al cristal sus ramas con malicia, cerca, cerca.
Sentada en mi gran silla, el cuerpo semidesnudo, ella trenzaba las manos. Sobre el suelo de la estancia, de gozo se estremecían sus piececitos tan finos.
Miré, color de la cera, un pequeño rayo montés mariposeando en su sonrisa y por encima de su pecho como mosca en un rosal.
Besé sus finos tobillos. Su risa dulce y brutal se desgranó en claros gorjeos alegres y cristalinos.
Los pies bajo la camisa se escurrieron: “¡Estáte quieto!” El primer atrevimiento fingió castigar su risa.
Palpitantes bajo mis labios, besé muy suave sus ojos: ella reclinó su cabeza delicada: “¡Ah!, mucho mejor...
Señor, debo decirle algo...” Le arrojé el resto a su pecho en un beso que le produjo risas de consentimiento...
Ella estaba tan desnuda... Grandes árboles indiscretos tendían al cristal sus ramas con malicia, cerca, cerca.Libellés : Arthur Rimbaud |
posted by Alfil @ 8:14 PM |
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