Arthur Rimbaud -Aube- |
mercredi, septembre 08, 2004 |
Aube Arthur Rimbaud (1854-1891)
J'ai embrassé l'aube d'été.
Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps d'ombre ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries se regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.
La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.
Je ris au wasserfall qui s'échevela à travers les sapins: à la cime argentée je reconnus la déesse.
Alors je levai un à un les voiles. Dans l'allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l'ai dénoncée au coq. A la grand'ville, elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et, courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.
En haut de la route, près d'un bois de lauriers, je l'ai entourée avec ses voiles amassés, et j'ai senti un peu son immense corps. L'aube et l'enfant tombèrent au bas du bois.
Au réveil, il était midi.
Alba
He abrazado el alba de verano.
Nada se movía aún en el frente de los palacios. El agua estaba muerta. Los campos de sombras no abandonaban la ruta del bosque. Caminé despertando los alientos vivos y tibios, y las pedrerías miraron, y las alas se levantaron sin ruido.
La primera empresa fue, en el sendero ya pleno de frescos y pálidos destellos, una flor que me dijo su nombre.
Reí al Wasserfall rubio que se desgreñó entre los pinos: en la cima plateada reconocí a la diosa.
Entonces levanté uno a uno los velos. En la arboleda, agitando los brazos. Por la llanura, donde la denuncié al gallo. En la gran ciudad ella huía entre campanarios y domos, y corriendo como un mendigo sobre los muelles de mármol, la perseguí.
En lo alto de la ruta, junto a un bosque de laureles, la he rodeado con sus velos encimados y he sentido un poco su inmenso cuerpo. El alba y el niño cayeron al pie del bosque.
Al despertar era mediodía.
Versión de Magdalena CámporaLibellés : Arthur Rimbaud |
posted by Alfil @ 5:06 AM |
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