L'enfant sauvage Robert Sabatier (1923 - )
Au dernier rang de la classe un rebelle Voit de l'automne une langue rougeâtre Lécher la vitre. II coulera du sang Dam la ruelle où roulent des oranges.
Un livre ouvert vale dans un bruit d'ailes. Le doigt dans l'encre il dessine des monstres Sur le bois sombre où les noms sont gravés D'écoliers endormis dans le temps.
Une rature un imtant le rassure Car il y voit les cris verts d'herbes folles. Il vagabonde en lui-même, il se livre À des exploits d'empereur cosmonaute.
Il peint sa joue avec de l'encre mauve Et des tribus indiennes le rejoignent. Cet inventeur d'autres cosmogonies Sera puni de chérir sa durée.
Quel est le mot qui déchire les lèvres, Fait éclater les louanges perclues? Printemps, Printemps... répète le barbare, Printemps, Printemps, comme on appelle un tigre.
Rien ne répond. Naguère un bonnet d'âne Et le vainqueur était qui le portait, Mâchant sa gomme et rêvant de vengeance Au coin fleuri de toiles d'araignées.
Crisse la page au rythme des dictées. Las d'ânonner de vieilles montgolfières, L 'enfant s'envole au-dessus de la ville Pour se brûler les ailes au soleil.
El niño salvaje
En la última fila de la clase un rebelde contempla del otoño una lengua rojiza que lame los cristales. Ha de correr la sangre en esa callejuela donde ruedan naranjas.
Un libro abierto vuela con un rumor de alas. Mojando el dedo en tinta él va trazando monstruos en la madera oscura grabada con los nombres de escolares dormidos en el tiempo.
Un borrón un instante le apacigua pues ve en él los gritos verdes de las hierbas silvestres. Va vagabundeando por sí mismo, se entrega a hazañas de monarca cosmonauta.
Se pinta una mejilla con tinta color malva y unas tribus de indios caminan a su encuentro. Este inventor de otras visiones cosmogónicas recibirá el castigo de amar su duración.
¿Cuál es esa palabra que desgarra sus labios, y hace estallar los elogios tullidos? Primavera, repite el bruto, primavera, primavera, repite, como quien llama a un tigre.
Nada responde. Antes quedaba vencedor el que era castigado con orejas de burro, el cual mascaba chicle soñando en su venganza en el rincón floral de telarañas.
La hoja rechina al son de los dictados. Harto de balbucir viejos aeróstatos sale volando el niño por sobre la ciudad para abrasar sus alas en el sol.
Versión de Enrique Moreno CastilloLibellés : Robert Sabatier |