Léopold Sédar Senghor -Neige sur París- |
mercredi, août 11, 2004 |
Neige sur Paris Léopold Sédar Senghor (Sénégal, 1906-2001)
Seigneur, vous avez visité Paris par ce jour de votre naissance Parce qu'il devenait mesquin et mauvais Vous l'avez purifié par le froid incorruptible Par la mort blanche. Ce matin, jusqu'aux cheminées d'usines qui chantent à l'unisson Arborant des draps blancs - « Paix aux Hommes de bonne volonté! » Seigneur, vous avez proposé la neige de votre paix au monde divisé, à l'Europe divisée A l'Espagne déchirée et le Rebelle juif et catholique a tiré ses mille quatre cents canons contre les montagnes de votre Paix. Seigneur, j'ai accepté votre froid blanc qui brûle plus que le sel. Voici que mon cœur fond comme neige sous le soleil. J'oublie Les mains blanches qui tirèrent les coups de fusils qui croulèrent les empires Les mains qui flagellèrent les esclaves qui vous flagellèrent Les mains blanches poudreuses qui vous giflèrent, les mains peintes poudrées qui m'ont giflé Les mains sûres qui m'ont livré à la solitude à la haine Les mains blanches qui abattirent la forêt de rôniers qui dominait l'Afrique, au centre de l'Afrique Droits et durs, les Saras beaux comme les premiers hommes qui sortirent de vos mains brunes. Elles abattirent la forêt noire pour en faire des traverses de chemin de fer Elles abattirent les forêts d'Afrique pour sauver la Civilisation, parce qu'on manquait de matière première humaine. Seigneur, je ne sortirai pas ma réserve de haine, je le sais, pour les diplomates qui montrent leurs canines longues Et qui demain troqueront la chair noire. Mon cœur, Seigneur, s'est fondu comme neige sur les toits de Paris Au soleil de votre douceur Il est doux à mes ennemis, à mes frères aux mains blanches sans neige A cause aussi des mains de rosée, le soir, le long de mes joues brûlantes.
Nieve sobre París
Señor, tú que has visitado París, en este día de tu nacimiento porque se había vuelto avaro y malo lo has purificado con el frío incorruptible con la blanca muerte. Esta mañana, hasta las chimeneas de las fábricas cantan al unísono. Arbolando banderas blancas "Paz a los hombres de buena voluntad" Señor, tú has propuesto la nieve de tu Paz al mundo dividido A la europa dividida A la España rasgada Y el rebelde judío y católico ha disparado sus mil cuatro cientos cañones contra las montañas de tu Paz. Señor yo he aceptado tu frío blanco que quema más que la sal. Y mi corazón se funde como nieve bajo el sol. Olvido las manos blancas que disparan tiros de fusil que destruyen imperios las manos que flagelan esclavos, que te flagelan las manos blancas polvorientas que te abofetean las manos pintadas polvorientas blancas que me han abofeteado. Las manos seguras que me han empujado a la soledad. Al odio. Las manos blancas que abatieron la selva de roneros que dominaban africa, en el centro de Africa Derechos y duros. Los Saras hermosos como los primeros hombres que surgieron de tus manos morenas. Ellas abatieron la selva negra para hacer traversas de raíles de tren. Ellas abatieron las selvas de Africa para salvar la civilización, porque hacía falta materia prima humana.
Señor, yo no saldré de mi reserva de odio, lo sé, ante los diplomáticos que muestran sus largos colmillos. Y que mañana trocarán la carne negra. Mi corazón, Señor, se ha fundido como la nieve sobre los tejados de París. Al sol de tu dulzura. Dulce para mis enemigos, para mis hermanos de manos blancas sin nieve A causa también de manos de palizas, al atardecer, a lo largo de mis mejillas ardientes.
Versión de Tierno BokarLibellés : Léopold Sédar Senghor |
posted by Alfil @ 9:43 PM |
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