Renée Vivien -La fusée- |
jeudi, mai 06, 2004 |
La fusée Renée Vivien (Grand Bretagne, 1877 - 1909)
Vertigineusement, j’allais vers les Etoiles… Mon orgueil savourait le triomphe des dieux, Et mon vol déchirait, nuptial et joyeux, Les ténèbres d’été, comme de légers voiles…
Dans un fuyant baiser d’hymen, je fus l’amant De la Nuit aux cheveux mêlés de violettes, Et les fleurs du tabac m’ouvraient leurs cassolettes D’ivoire, où tiédissait un souvenir dormant.
Et je voyais plus haut la divine Pléiade… Je montais… J’atteignais le Silence Eternel… Lorsque je me brisai, comme un fauve arc-en-ciel, Jetant des lueurs d’or et d’onyx et de jade…
J’étais l’éclair éteint et le rêve détruit… Ayant connu l’ardeur et l’effort de la lutte, La victoire et l’effroi monstrueux de la chute, J’étais l’astre tombé qui sombre dans la nuit.
El cohete
Vertiginosamente volaba a las estrellas. Mi orgullo degustaba el triunfo de los dioses. Desgarraba mi vuelo, jubiloso y nupcial, Las tinieblas de estío como velos muy tenues...
Con fugitivo beso de himeneo, fui amante De la Noche de pelo cuajado de violetas. Las flores del tabaco me entreabrían sus cápsulas De marfil donde, tibio, dormía algún recuerdo.
Vislumbraba más alta la Pléyade divina. Ascendía...Alcanzaba el Eterno Silencio. Entonces me quebré como un loco arco iris, Arrojando fulgores de oro, de ónice y jade.
Fui el relámpago extinto y el sueño destruido. Sabiendo del ardor, del esfuerzo en la lucha, Del vencer, del espanto monstruoso de caer, Fui la estrella caída que se apaga en la noche.Libellés : Renée Vivien |
posted by Alfil @ 9:50 PM |
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