Paul Verlaine -Puisque l'aube grandit...- |
dimanche, mai 16, 2004 |
Puisque l'aube grandit... Paul Verlaine (1844-1896)
Puisque l'aube grandit, puisque voici l'aurore, Puisque, après m'avoir fuit longtemps, l'espoir veut bien Revoler devers moi qui l'appelle et l'implore, Puisque tout ce bonheur veut bien être le mien.
C'en est fait à présent des funestes pensées, C'en est fait des mauvais rêves, ah! c'en est fait Surtout de l'ironie et des lèvres pincées Et des mots où l'esprit sans l'âme triomphait.
Arrière ausi les poings crispés et la colère A propos des méchants et des sots rencontrés; Arrière la rancune abominable! arrière L'oubli qu'on cherche en des breuvages exécrés!
Car je veux, maintenat qu'un Être de lumière A dans ma nuit profonde émis cette clarté D'une amour à la fois immortelle et première, De par la grâce, le sourire et la bonté,
Je veux, guidé par vous, beaux yeux aux flammes douces, Par toi conduit, ô main où tremblera ma main, Marcher droit, que ce soit par des sentiers de mousses Ou que rocs et cailloux encombrent le chemin;
Oui, je veux marcher droit et calme dans la Vie, Vers le but où le sort dirigera mes pas, Sans violence, sans remords et sans envie: Ce sera le devoir heureux aux gais combats.
Et comme, pour bercer les lenteurs de la route Je chanterai des airs ingénus, je me dis Qu'elle m'écoutera sans déplaisir sans doute; Et vraiment je ne veux pas d'autre Paradis.
Ya que el alba crece...
Ya que el alba crece, ya que está aquí la aurora, Puesto que, después de haberme rehuido tanto tiempo, la esperanza quiere bien Volar de nuevo hacia mí que la llamo y la imploro, Puesto que toda esta felicidad quiere de veras ser la mía,
Se hacen ahora funestos pensamientos, Se hacen malos sueños, ay, y se hacen Sobre todo ironía y labios afectados Y unas palabras donde el espíritu sin alma triunfa.
Atrás también los puños crispados y la cólera Contra los malvados y los tontos encontrados; Atrás el rencor abominable, ¡Atrás El olvido que se busca en unos brebajes execrados!
Porque yo quiero ahora que un Ser de luz Ha emitido en mi noche profunda esta claridad De un amor a la vez inmortal y primero, Por gracia de la sonrisa y la belleza,
Quiero, guiado, por vos, bellos ojos de llamas dulces, Por ti conducido, oh mano donde temblará mi mano, Marchar recto, ya sea por senderos de musgos O entre rocas y guijarros entorpeciendo el camino;
Sí, quiero marchar derecho y calmo en la Vida, Hacia el objeto donde la suerte lleve mis pasos, Sin violencia, sin remordimientos y sin envidia: Éste será el deber feliz de los alegres combates.
Y como, para acunar las lentitudes del camino Cantaré unos aires ingenuos, me digo Que ella me escuchará sin desagrado, sin duda. Verdaderamente, no quiero otro Paraíso.Libellés : Paul Verlaine |
posted by Alfil @ 9:20 AM |
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