Paul Verlaine -Nuit du Walpurgis clásica- |
dimanche, mai 16, 2004 |
Nuit du Walpurgis classique Paul Verlaine (1844-1896)
C’est plutôt le sabbat du second Faust que l’autre. Un rhythmique sabbat, rhythmique, extrêmement Rhythmique.—Imaginez un jardin de Lenôtre, Correct, ridicule et charmant.
Des ronds-points; au milieu, des jets d’eau; des allées Toutes droites; sylvains de marbre; dieux marins De bronze; çà et là, des Vénus étalées; Des quinconces, des boulingrins;
Des châtaigniers; des plants de fleurs formant la dune; Ici, des rosiers nains qu’un goût docte effila; Plus loin, des ifs taillés en triangles. La lune D’un soir d’été sur tout cela.
Minuit sonne, et réveille au fond du parc aulique Un air mélancolique, un sourd, lent et doux air De chasse: tel, doux, lent, sourd et mélancolique, L’air de chasse de Tannhauser.
Des chants voilés de cors lointains où la tendresse Des sens étreint l’effroi de l’âme en des accords Harmonieusement dissonnants dans l’ivresse; Et voici qu’à l’appel des cors
S’entrelacent soudain des formes toutes blanches, Diaphanes, et que le clair de lune fait Opalines parmi l’ombre verte des branches, —Un Watteau rêvé par Raffet!—
S’entrelacent parmi l’ombre verte des arbres D’un geste alangui, plein d’un désespoir profond; Puis, autour des massifs, des bronzes et des marbres Très lentement dansent en rond.
—Ces spectres agités, sont-ce donc la pensée Du poète ivre, ou son regret, ou son remords, Ces spectres agités en tourbe cadencée, Ou bien tout simplement des morts?
Sont-ce donc ton remords, ô rèvasseur qu’invite L’horreur, ou ton regret, ou ta pensée,—hein?—tous Ces spectres qu’un vertige irrésistible agite, Ou bien des morts qui seraient fous?—
N’importe! ils vont toujours, les fébriles fantômes, Menant leur ronde vaste et morne et tressautant Comme dans un rayon de soleil des atomes, Et s’évaporent à l’instant
Humide et blême où l’aube éteint l’un après l’autre Les cors, en sorte qu’il ne reste absolument Plus rien—absolument—qu’un jardin de Lenôtre, Correct, ridicule et charmant.
Noche de Walpurgis clásica
Era más bien el sabbat del segundo Fausto, Un rítmico sabbat, rítmico, extremadamente Rítmico. Imaginaos un jardín de Lenôtre, Correcto, ridículo y encantador.
Unas rotondas; en el centro, los surtidores; unas avenidas Muy rectas, silvanos de mármol, dioses marinos De bronce, aquí y allá, unas Venus expuestas; Unos tres bolillos, unos arriates;
Castaños, plantíos de flores formando dunas; Aquí, unos rosales enanos que un docto gusto alinea; Más allá, unos tejos tallados en triángulos. La luna De una noche de verano sobre todo esto.
Suena la medianoche y despierta en el fondo del parque áulico Una aire melancólico, un sordo, lento y dulce aire De caza, tan dulce, lento, sordo y melancólico Como el aire de caza de Tannhauser
Cantos velados de lejanos cuernos de caza, donde la ternura De los sentidos abraza el espanto del alma de los acordes Armoniosamente disonantes de la embriaguez; Y ya la llamada de las trompas
se entrelaza de repente a unas formas muy blancas, diáfanas, y que el claro de luna las hace opalinas entre la sombra verde de las ramas: -¡Un Watteau soñado por Raffet!-
Se entrelazan entre las sombras verdes de los árboles Con un gesto de decaído, lleno de profunda desesperación; Luego, alrededor de los macizos, de los bronces y de los mármoles, Muy lentamente bailan un corro.
Estos espectros agitados, ¿son pues el pensamiento Del poeta ebrio o son su lamento, o su remordimiento, Esos espectros agitados en turba cadencia, O, simplemente, no son más que muertos?
¿Son tus remordimientos, oh desvarío que invita al horror, son tu lamento o tu pensamiento, todos esos espectros que un vértigo irresistible agita, o son sólo muertos que estuvieron locos?
¡No importa van siempre, los febriles fantasmas, llevando su ronda grande y triste, a trompicones, como en un rayo de sol los átomos, y evaporándose al instante.
Húmeda y pálida, el alba silencia una tras otra Las trompas, de tal modo que no queda absolutamente Nada –absolutamente – más que un jardín de Lenôtre, Correcto, ridículo y encantadorLibellés : Paul Verlaine |
posted by Alfil @ 11:12 AM |
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