Jules Verne -Lorsque la douce nuit...- |
samedi, mai 15, 2004 |
Lorsque la douce nuit... Jules Verne (1828-1905)
Lorsque la douce nuit, comme une douce amante, S'avance pas à pas, à la chute du jour, S'avance dans le ciel, tendre, timide et lente, Toute heureuse d'un fol amour ;
Lorsque les feux muets sortent du ciel propice, Pointillent dans la nuit, discrets, étincelants, Eparpillent au loin leurs gerbes d'artifices, Dans les espaces purs et blancs ;
Quand le ciel amoureux au sein des rideaux sombres, Tout chaud de ce soleil qui vient de l'embraser, A la terre, pour lui pleine d'amour et d'ombres, S'unit dans un brûlant baiser ;
Quand se réfléchissant comme en un lac limpide, L'étoile de l'azur, sur le sol transparent, Allume au sein de l'herbe une étoile timide, Cette étoile du ver luisant ;
Quand aux brises du soir, la feuille frémissante, A ce tendre contact a refermé son sein, Et garde en s'endormant la fraîcheur odorante Qui doit parfumer le matin ;
Quand sur le sombre azur, comme un triste fantôme, Le cyprès de ce champ où finit la douleur, Est là, plus triste et froid qu'un mystérieux psaume Qui tombe sur un ton mineur ;
Lorsque courbant sa tête à des plaintes secrètes, L'if, comme de grands bras agite ses rameaux, Et tout mélancolique, en paroles muettes, Cause bas avec les tombeaux ;
Quand au berceau de Dieu, sur la branche endormante, L'oiseau paisible, heureux a trouvé le sommeil, Quand le fil de la Vierge a regagné sa tente En attendant quelque soleil ;
Quand la croix déployant dans sa forme incertaine, Sur le chemin du ciel ses deux bras de douleurs, Dans la nuit qui l'entoure en son humide haleine Est ruisselante de pleurs ;
Quand toute la nature, et l'étoile de la pierre, Et l'arbre du chemin, la croix du carrefour, Se sont tous revêtus de l'ombre, du mystère, Après les fatigues du jour ;
Quand tout nous parle au coeur, quand la tremblante femme, A plus de volupté que le soleil le jour, Oh ! viens, je te dirai tout ce que j'ai dans l'âme, Tout ce que j'ai de tendre amour.
Cuando la dulce noche
Cuando la dulce noche, como una dulce amante, Avanza paso a paso, a la caída del día, Avanza en el cielo, tierna, tímida y lenta, Muy feliz de un loco amor
Cuando los mudos fuegos abandonan el clemente cielo, Puntean en la noche, discretos, chispeantes, Esparcen a lo lejos sus haces de artificio, En los espacios puros y blancos
Cuando el cielo amoroso en el seno de las sombrías redes, Todo caluroso de ese Sol que acaba de abrasarlo, A la Tierra, para llenarlo de amor y de sombras Se unen en un abrasador beso
Cuando se refleja como en un límpido lago, La estrella del azul celeste, sobre el suelo transparente, Brilla en el seno de la hierba una estrella tímida, Esa estrella del gusano fulgurante
Cuando en las brisas de la tarde, la hoja temblorosa, A ese tierno contacto ha cerrado su seno, Y conserva durmiéndose la frescura olorosa Que debe perfumar la mañana.
Cuando sobre el sombrío azul, como un triste fantasma, El ciprés de ese campo donde termina el dolor, Está allá, más triste y frío que un misterioso salmo Que cae sobre un tono menor
Cuando inclinando su cabeza a los secretos quejidos El tejo, como con grandes brazos agita sus ramas, Y muy melancólico, en palabras mudas, Charla bajo con las tumbas
Cuando en la cuna de Dios, sobre la durmiente rama, El apacible y feliz pájaro encontró el sueño, Cuando el hilo de la Virgen ha recuperado su tienda Esperando algun Sol
Cuando la cruz desplegada en su forma incierta, Sobre el camino del Cielo con sus dos brazos de dolores, En la noche que la cerca en su humilde aliento Está chorreante de lágrimas.
Cuando toda la naturaleza, y la estrella de la piedra, Y el árbol del camino, la cruz de la encrucijada, Se revisten de la sombra, del misterio, Después de las fatigas del día.
Cuando todo nos habla de corazón, cuando la mujer temblorosa, Tiene más de voluptuosidad que el Sol por el día, ¡Oh! ven, te diré todo eso que tengo en el alma, Todo eso que tengo de tierno amor.
Versión de Ariel PérezLibellés : Jules Verne |
posted by Alfil @ 11:54 AM |
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