Boris Vian -Les frères- |
jeudi, mai 13, 2004 |
Les frères Boris Vian (1920-1959)
Dans un chemin banal du côté de la Somme il y avait quatre homme set pas de caporal
Le premier s’appelait Jules.
Il posait des gouttières et réparait les vitres et dans sa vie privée, il était somnambule Tous les lundis matin, il avait mal au crâne Y a qu’à la fin d’la s’maine que l’on se porte bien Ses cheveux étaient frisés nez droit, yeux bleus bouche ordinaire, et menton rond taille : un mètre soixante-deux signes particuliers : néant. Un jour, il fit la connaissance d’une fille très remarquable, elle n’était pas comme les autres. Vu qu’il penchait pour la décence et qu’elle voulait rester convenable ils firent de leur côté ce que l’on fait du nôtre, ils eurent de ce fait deux enfants sans effort.
Le second s’appelait Victor.
Il vendait des cravates et des pierres à briquet et dans sa vie privée, il souffrait de ses cors. Tous les lundis matin, il buvait beaucoup d’eau y a qu’à la fin d’la s’main que l’on se porte bien. Son nez ? Un nez busqué zyeux noirs, cheveux noirs bouche ordinaire, menton rond taille : un mètre cinquante-huit signes particuliers : néant. Un jour qu’il allait au travail une fille au regard troublant vint à passer sur son chemin. Cela fit sortir de ses rails le wagon de ses sentiments, il leur vint donc l’idée de s’ coller le lend’main. Tous les samedis soir, ils jouaient au billard.
Le troisième s’appelait Léon.
Il était chien dentiste et vivait de chicots et dans sa vie privée, il avait des visions Tous les lundis matin, il avait la bouche sèche, y a qu’à la fin d’la s’main que l’on se porte bien. Ses yeux avaient des reflets verts cheveux châtain, nez en trompette bouche ordinaire, menton rond, taille : un mètre soixante-sept signes particuliers : néant. Un beau jour, il eut l’avantage de s’aventurer par hasard dans la chambre de sa servante qui vivait au sixième étage. Il y retourna tous les soirs mais la douce Marie devint si fainéante qu’il lui offrit son lit et lui paya une bonne.
L’ dernier s’ nommait Michel.
L’ dernier s’ nommait Michel, il était cuisinier et dans sa vie privée, il avait la gravelle Tous les lundis matin, sa mâchoire lui f’sait mal, y a qu’à la fin d’la s’main que l’on se porte bien. Ses cheveux étaient roux foncé nez moyen, œils bruns bouche ordinaire, menton rond taille ? Un mètre quatre-vingts signes particuliers : néant. Un jour, il lui tomba la chance de nouer quelques relations avec la jolie Marinette qui exerçait avec conscience -de modiste- la profession. C’est pour elle, un beau soir qu’il conçut la recette de l’organdi en croûte à la sauce aux dentelles.
Comme ils étaient copains, ils s’habillaient pareil, un pantalon crasseux, des bandes molletières, une lourde capote en tissu pour chevaux un fusil tout graisseux, d’ignobles godillots ; Comme ils étaient copains ils ne se quittaient pas ils mettaient tout ensemble et se partageaient tout : nez busqué, nez moyen, nez droit, nez en trompette, bouche ordinaire, menton rond. Même, depuis un bout de temps, comme ils étaient copains, ils s’habillaient pareil : on ne f’sait pas d’jaloux : y avait pour chacun d’eux un bon mètre de terre avec une petite croix.
Los hermanos
En un camino banal De la Somme Había cuatro hombres Pero no había cabo.
El primero se llamaba Jules.
Ponía canaleras y arreglaba cristales Y en su vida privada, era sonámbulo Todos los lunes por la mañana, le dolía la cabeza Y es que sólo nos portamos bien los fines de semana Su cabello era rizado Nariz recta, ojos azules Boca corriente, mentón redondo Estatura: un metro setenta y dos Signos particulares: nada. Un día, conoció A una muchacha estupenda. No era como las otras. Dado que era propenso a la decencia Y que ella quería ser decorosa Hicieron por su parte lo que nosotros por la nuestra Tuvieron así dos hijos sin esfuerzo.
El segundo se llamaba Víctor.
Vendía corbatas y piedras de mechero Y en su vida privada sufría de los callos Los lunes por la mañana bebía mucha agua Y es que sólo nos portamos bien los fines de semana ¿Su nariz? Pequeña y aguileña Ojos negros, cabello negro Boca corriente, mentón redondo Estatura: un metro cincuenta y ocho. Signos particulares: nada. Un día que iba al trabajo Una muchacha de mirada turbadora Fue a cruzarse en su camino Eso hizo que descarrilara El vagón de sus sentimientos. Se unieron al día siguiente. Todos los sábados por la noche, jugaban al billar.
El tercero se llamaba León.
Era perro dentista y vivía de arreglar muelas Y, en su vida privada, tenía visiones. Los lunes por la mañana, tenía la boca muy seca Y es que sólo nos portamos bien los fines de semana. Sus ojos tenían reflejos verdes Cabello castaño, nariz respingona Boca corriente, mentón redondo Estatura: un metro sesenta y siete Signos particulares: nada. Un buen día, tuvo la ocurrencia De aventurarse, por casualidad, En la habitación de su sirvienta Que vivía en el sexto. Volvió todas las noches. Ella se hizo tan vaga Que él le ofreció su cama y le pagó una criada.
El último se llamaba Michel.
El último se llamaba Michel, era cocinero Y, en su vida privada, tenía cálculos renales Los lunes por la mañana, le dolía la mandíbula Y es que sólo nos portamos bien los fines de semana. Su cabello era pelirrojo oscuro Nariz mediana, ojos marrones Boca corriente, mentón redondo Estatura: un metro ochenta. Signos particulares: nada. Un día, tuvo la suerte De entablar relaciones Con la bella Marinette Que ejercía –con conciencia De modista– la profesión Para ella inventó la receta De la corteza de organdí con salsa de puntillas. Como eran amigos, se vestían igual Un pantalón mugriento, infames zapatones Un pesado capote de caballerías Un fusil muy grasiento, medias polainas Un casco ridículo, una cantimplora Como eran amigos, no se separaban: Iban en todo a medias y compartían todo: Nariz aguileña, nariz mediana, nariz recta, nariz respingona, Boca corriente, mentón redondo. Incluso, al cabo de un tiempo, como eran amigos, vestían igual; No se tenían celos: había para ellos Más de un metro de tierra con una pequeña cruz.Libellés : Boris Vian |
posted by Alfil @ 6:13 AM |
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