Le pont Oscar Wladislas de Lubicz Milosz (Lituanie, 1877-1939)
Les feuilles mortes tombent dans l’air dormant. Vois, mon cœur, ce que l’automne a fait à ta chère île : Comme elle est pâle ! Quelle orpheline au cœur tranquille ! Les cloches sonnent, sonnent à Saint-Louis-en-l’Isle Pour le fuchsia mort de la patronne du chaland.
Tête basse, deux vieux chevaux très humbles, somnolents, prennent leur dernier bain. Un gros chien noir aboie et menace de loin. Sur le pont, il n’y a que moi et mon enfant : Robe fanée, faibles épaules, visage blanc, Un bouquet dans les mains.
O mon enfant ! Ce temps qui vient ! Pour eux ! Pour nous ! O mon enfant ! Ce temps qui vient !
El puente
Las hojas secas caen en el aire dormido. Mira, corazón mío, lo que el otoño le ha hecho a tu isla querida: ¡Qué pálida está! ¡Qué huérfana de corazón tranquilo! Suenan las campanas, suenan en San Luis de la Isla Para la fucsia muerta del ama de la barcaza.
Con la cabeza gacha dos viejos caballos muy humildes, soñolientos toman su último baño. Un perrazo negro ladra y amenaza de lejos. En el puente sólo estamos yo y mi niña: Vestido desteñido, hombros endebles, rostro blanco, Un ramo de flores en las manos
¡Oh mi niña! ¡Ese tiempo que viene! ¡Para ellos! ¡Para nosotros! ¡Oh mi niña! ¡Ese tiempo que viene!
Versión de Carlos Cámara y Miguel Ángel FrontánLibellés : Oscar Wladislas Lubicz de Milosz |