Georges Brassens -Le moyenâgeux- |
mardi, décembre 12, 2000 |
Le moyenâgeux Georges Brassens (1921-1981)
Le seul reproche, au demeurant, Qu'aient pu mériter mes parents, C'est d'avoir pas joué plus tôt Le jeu de la bête à deux dos. Je suis né, même pas bâtard, Avec cinq siècles de retard. Pardonnez-moi, Prince, si je Suis foutrement moyenâgeux.
Ah ! que n'ai-je vécu, bon sang ! Entre quatorze et quinze cent. J'aurais retrouvé mes copains Au Trou de la pomme de pin, Tous les beaux parleurs de jargon, Tous les promis de Montfaucon, Les plus illustres seigneuries Du royaum' de truanderie.
Après une franche repue, J'eusse aimé, toute honte bue, Aller courir le cotillon Sur les pas de François Villon, Troussant la gueuse et la forçant Au cimetièr' des Innocents, Mes amours de ce siècle-ci N'en aient aucune jalousie...
J'eusse aimé le corps féminin Des nonnettes et des nonnains Qui, dans ces jolis tamps bénis, Ne disaient pas toujours " nenni ", Qui faisaient le mur du couvent, Qui, Dieu leur pardonne ! souvent, Comptaient les baisers, s'il vous plaît, Avec des grains de chapelet.
Ces p'tit's sœurs, trouvant qu'à leur goût Quatre Evangil's c'est pas beaucoup, Sacrifiaient à un de plus : L'évangile selon Vénus. Témoin : l'abbesse de Pourras, Qui fut, qui reste et restera La plus glorieuse putain De moines du quartier Latin.
A la fin, les anges du guet M'auraient conduit sur le gibet. Je serais mort, jambes en l'air, Sur la veuve patibulaire, En arrosant la mandragore, L'herbe aux pendus qui revigore, En bénissant avec les pieds Les ribaudes apitoyées.
Hélas ! tout ça, c'est des chansons. Il faut se faire une raison. Les choux-fleurs poussent à présent Sur le charnier des Innocents. Le Trou de la pomme de pin N'est plus qu'un bar américain. Y a quelque chose de pourri Au royaum' de truanderie.
Je mourrai pas à Montfaucon, Mais dans un lit, comme un vrai con, Je mourrai, pas même pendard, Avec cinq siècles de retard. Ma dernière parole soit Quelques vers de Maître François, Et que j'emporte entre les dents Un flocon des neiges d'antan...
Ma dernière parole soit Quelques vers de Maître François... Pardonnez-moi, Prince, si je Suis foutrement moyenâgeux.
El medieval
El único reproche, después de todo, Que hayan podido merecer mis padres, Es el de no haber jugado antes El juego del animal de las dos espaldas. Yo nací, incluso sin ser bastardo, Con cinco siglos de retraso. Perdóneme, Principe, si Soy demasiado medieval.
¡Ah! Que no haya yo nacido, ¡por Dios! Entre mil cuatrocientos y mil quinientos. Me hubiese encontrado con mis amigos En el Trou de la pomme de pin, Con todos los que hablaban en jerga Con todos los predestinados a Montfaucon, Las más ilustres señorías Del reino de la truhanería.
Después de una buena comilona, Me hubiese gustado, sin vergüenza de ninguna clase, Irme de picos pardos Tras los pasos de François Villon, Remangando las faldas y acorralándolas En el cementerio de los Inocentes, Mis amores de este siglo No tengan celos ningunos...
Yo hubiese amado el cuerpo femenino De las monjitas y las monjas Que, en aquellos buenos tiempos benditos, No decían nunca “no”, Que hacían el muro del convento, Que, ¡Dios se lo perdone!, a menudo, Contaban los besos, ¡por favor! Con las cuentas del rosario.
Estas hermanitas, viendo que a su parecer Los Cuatro Evangelios, no eran suficientes, Se entregaban a uno más: El evangelio según Venus. Testigo: la abadesa de Pourras, Que fue, que es y será La puta más gloriosa De las monjas del Barrio Latino.
Al fin, los angelitos de la ronda Me hubiesen conducido al cadalso. Hubiese muerto, con las piernas colgando, En la horca del patíbulo, Regando la mandrágora, La hierba de los ahorcados que vigoriza, Bendiciendo con los pies A lo libertinos apiadados.
¡Ay! Todo esto, son canciones. Hay que tenerlo en cuenta. Las coliflores crecen ahora Sobre el osario de los Inocentes. El Trou de la pomme de pin Ya no es más que una barra americana. Algo huele a podrido En el reino de la truhanería.
No moriré en Montfaucon Sino en una cama, como un verdadero tonto, Moriré, incluso sin ser un granuja, Con cinco siglos de retraso. Que mis últimas palabras sean Algunos versos del Maestro François, Y que yo me lleve entre los dientes Un copo de las nieves de antaño...
Mis últimas palabras sean Algunos versos del Maestro François Perdóneme, Principe, si Soy demasiado medieval.
Versión de JesusLibellés : Georges Brassens |
posted by Alfil @ 6:46 PM |
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