Georges Brassens -Le modeste- |
mardi, décembre 12, 2000 |
Le modeste Georges Brassens (1921-1981)
Les pays, c'est pas ça qui manque, On vient au monde à Salamanque A Paris, Bordeaux, Lille, Brest(e). Lui, la nativité le prit Du côté des Saintes-Maries, C'est un modeste.
Comme jadis a fait un roi, Il serait bien fichu, je crois, De donner le trône et le reste Contre un seul cheval camarguais Bancal, vieux, borgne, fatigué, C'est un modeste.
Suivi de son pin parasol, S'il fuit sans mêm' toucher le sol Le moindre effort comme la peste, C'est qu'au chantier ses bras d'Hercule Rendraient les autres ridicules, C'est un modeste.
A la pétanque, quand il perd Te fais pas de souci, pépère, Si d'aventure il te conteste. S'il te boude, s'il te rudoie, Au fond, il est content pour toi, C'est un modeste.
Si, quand un emmerdeur le met En rogne, on ne le voit jamais Lever sur l'homme une main leste. C'est qu'il juge pas nécessaire D'humilier un adversaire, C'est un modeste.
Et quand il tombe amoureux fou Y a pas de danger qu'il l'avoue: Les effusions, dame, il déteste. Selon lui, mettre en plein soleil Son cœur ou son cul c'est pareil, C'est un modeste.
Quand on enterre un imbécile De ses amis, s'il raille, s'il A l'œil sec et ne manifeste Aucun chagrin, t'y fie pas trop: Sur la patate, il en a gros, C'est un modeste.
Et s'il te traite d'étranger Que tu sois de Naples, d'Angers Ou d'ailleurs, remets pas la veste. Lui, quand il t'adopte, pardi! Il veut pas que ce soit le dit, C'est un modeste.
Si tu n'as pas tout du grimaud, Si tu sais lire entre les mots, Entre les faits, entre les gestesc Lors, tu verras clair dans son jeu, Et que ce bel avantageux, C'est un modeste.
El modesto
El sitio nunca falta, Se viene al mundo en Salamanca, En París, Bordeaux, Lille, Brest. Él, el fue a nacer Allá por Saintes-Maries, Es un modesto.
Como antaño hizo un rey, Hubiera sido muy capaz, creo, De dar su trono y el resto, A cambio de un caballo camargués, Cojo, viejo, tuerto, fatigado, Es un modesto.
Seguido de su pino piñonero, Si huye, corriendo que vuela, Del más mínimo esfuerzo como de la peste, Es porque en el trabajo, sus brazos de Hércules Harían parecer ridículos a los demás. Es un modesto.
Cuando pierde jugando a la petanca, No te preocupes, amigo, Si por casualidad te discute. Si te pone mala cara, si te trata duramente, En el fondo, está contento por ti. Es un modesto.
Si cuando un pesado lo hace Rabiar, no lo veremos nunca Levantar su mano contra él. Es porque no cree necesario Humillar a un adversario. Es un modesto.
Y cuando se enamora locamente No hay peligro de que lo confiese: Destesta, caramba, las efusiones. Según él, enseñar a todo el mundo su corazón o su culo es lo mismo. Es un modesto.
Cuando se entierra a algún imbécil Amigo suyo, si bromea, si No llora y no manifiesta Pena ninguna, no te fíes demasiado: Bajo esta máscara, está sufriendo, Es un modesto.
Y si te trata de extranjero Porque eres de Nápoles, de Angers, O de otra parte, no recojas tus cosas. Cuando él te adopta, ¡pardiez! No quiere que sea sólo de palabra. Es un modesto.
Si no eres mal estudiante, Si sabes leer entre líneas, En los hechos, en los detalles, Entonces, verás claramente su juego, Y que este buen tramposo Es un modesto.
Versión de JesusLibellés : Georges Brassens |
posted by Alfil @ 7:38 AM |
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