Georges Brassens -Le gorille- |
jeudi, octobre 12, 2000 |
Le gorille Georges Brassens (1921-1981)
C'est à travers de larges grilles, Que les femelles du canton, Contemplaient un puissant gorille, Sans souci du qu'en-dira-t-on. Avec impudeur, ces commères Lorgnaient même un endroit précis Que, rigoureusement ma mère M'a défendu de nommer ici... Gare au gorille !...
Un jour la porte de la prison bien close Où vivait le bel animal S'ouvre, on n'sait pourquoi. Je suppose Qu'on avait du la fermer mal. Le singe, en sortant de sa cage Dit "C'est aujourd'hui que j'le perds !" Il parlait de son pucelage, Vous aviez deviné, j'espère! Gare au gorille !...
L'patron de la ménagerie Criait, éperdu : "Nom de nom ! C'est assommant car le gorille N'a jamais connu de guenon !" Dès que la féminine engeance Sut que le singe était puceau, Au lieu de profiter de la chance, Elle fit feu des deux fuseaux ! Gare au gorille !...
Celles là même qui, naguère, Le couvaient d'un œil décidé, Fuirent, prouvant qu'elles n'avaient guère De la suite dans les idées ; D'autant plus vaine était leur crainte, Que le gorille est un luron Supérieur à l'homme dans l'étreinte, Bien des femmes vous le diront ! Gare au gorille !...
Tout le monde se précipite Hors d'atteinte du singe en rut, Sauf une vielle décrépite Et un jeune juge en bois brut; Voyant que toutes se dérobent, Le quadrumane accéléra Son dandinement vers les robes De la vieille et du magistrat ! Gare au gorille !...
"Bah ! soupirait la centenaire, Qu'on puisse encore me désirer, Ce serait extraordinaire, Et, pour tout dire, inespéré !" ; Le juge pensait, impassible, "Qu'on me prenne pour une guenon, C'est complètement impossible..." La suite lui prouva que non ! Gare au gorille !...
Supposez que l'un de vous puisse être, Comme le singe, obligé de Violer un juge ou une ancêtre, Lequel choisirait-il des deux ? Qu'une alternative pareille, Un de ces quatres jours, m'échoie, C'est, j'en suis convaincu, la vieille Qui sera l'objet de mon choix! Gare au gorille !...
Mais, par malheur, si le gorille Aux jeux de l'amour vaut son prix, On sait qu'en revanche il ne brille Ni par le goût, ni par l'esprit. Lors, au lieu d'opter pour la vieille, Comme l'aurait fait n'importe qui, Il saisit le juge à l'oreille Et l'entraîna dans un maquis ! Gare au gorille !...
La suite serait délectable, Malheureusement, je ne peux Pas la dire, et c'est regrettable, Ça nous aurait fait rire un peu ; Car le juge, au moment suprême, Criait : "Maman !", pleurait beaucoup, Comme l'homme auquel, le jour même, Il avait fait trancher le cou. Gare au gorille !...
El gorila
Es a través de las anchas rejas que las hembras del pueblo contemplaban un potente gorila, sin preocuparse del qué dirán. Con impudor, estas comadres miraban incluso un lugar preciso que, rigurosamente, mi madre me ha prohibido nombrar aquí... ¡Cuidado con el gorila!...
Un día la puerta de la prisión bien cerrada donde vivía el bello animal se abre, no se sabe porqué. Yo supongo que se debía de haber cerrado mal. El simio, al salir de su jaula Dice “¡Hoy es cuando la voy a perder!” Él hablaba de su virginidad, lo habréis adivinado, ¡espero! ¡Cuidado con el gorila!...
El encargado del zoo gritaba, fuera de sí: “¡Dios mío, es terrible, pues el gorila nunca ha conocido hembra!” Desde que la ralea femenina supo que el simio era virgen, en lugar de aprovechar la ocasión, corría que volaban! ¡Cuidado con el gorila!...
Las que incluso, hacía un momento, se lo comían con los ojos, huyeron, probando que apenas eran consecuente con sus ideas; Tanto más vano era su temor, cuanto que el gorila es un cachondo superior al hombre en los abrazos, ¡Muchas mujeres os lo dirán! ¡Cuidado con el gorila!...
Todo el mundo corre que se las pela fuera del alcance del simio en celo, salvo una vieja decrépita y un joven juez bruto como un tarugo; viendo que todas se ocultan, el cuadrumano aceleró sus vaivenes hacia las ropas de la vieja y del magistrado! ¡Cuidado con el gorila!...
“Bah! suspiraba la centenaria, que puedan aún desearme sería extraordinario, y, a decir verdad, inesperado!”; El juez pensaba, impasible, “Que me tomen por una gorila, es completamente imposible...” Lo que pasó a continuación le demostró que no! ¡Cuidado con el gorila!...
Suponed que uno de vosotros estuviese, como el simio, obligado a violar un juez o un vejestorio, ¿Cuál elegiríais de los dos? Si una alternativa parecida, cualquier día de estos, me tocase en suerte, es, estoy convencido, a la vieja a quien yo elegiría. ¡Cuidado con el gorila!...
Pero por desgracia, si el gorila en el juego del amor vale su precio en oro, se sabe que, por el contrario, no brilla ni por el gusto, ni por la inteligencia. Así, en lugar de optar por la vieja, como lo hubiese hecho cualquiera, cogió al juez por la oreja y lo arrastró hasta un matorral! ¡Cuidado con el gorila!...
Lo que sigue es delectable; desgraciadamente, no puedo contarlo y es una lástima pues nos hubiese hecho reir un poco: pues el juez, en el momento supremo, gritaba: “Mamá!”, lloraba mucho, como el hombre al cual, ese mismo día, le había hecho cortar el cuello. Cuidado con el gorila!...
Versión de JesusLibellés : Georges Brassens |
posted by Alfil @ 1:20 PM |
|
|