Georges Brassens -La ballade des cimetières- |
jeudi, octobre 12, 2000 |
La ballade des cimetières Georges Brassens (1921-1981)
J'ai des tombeaux en abondance Des sépultur's à discrétion Dans tout cim'tièr' d'quelque importance J'ai ma petite concession De l'humble tertre au mausolée Avec toujours quelqu'un dedans J'ai des p'tit's boss's plein les allées Et je suis triste, cependant...
Car je n'en ai pas, et ça m'agace Et ça défrise mon blason
Au cimetièr' du Montparnasse A quatre pas de ma maison
J'en possède au Père-Lachaise A Bagneux, à Thiais, à Pantin Et jusque, ne vous en déplaise Au fond du cimetièr' marin A la vill' comme à la campagne Partout où l'on peut faire un trou J'ai mêm' des tombeaux en Espagne Qu'on me jalouse peu ou prou...
Mais j'n'en ai pas la moindre trace Le plus humble petit soupçon Au cimetièr' du Montparnasse A quatre pas de ma maison
Le jour des morts, je cours, je vole Je vais infatigablement De nécropole en nécropole De pierr' tombale en monument On m'entrevoit sous un' couronne D'immortelles à Champerret Un peu plus tard, c'est à Charonne Qu'on m'aperçoit sous un cyprès...
Mais, seul, un fourbe aura l'audace De dir' : "J'l'ai vu à l'horizon Du cimetièr' du Montparnasse A quatre pas de sa maison"
Devant l'château d'ma grand-tante La marquise de Carabas Ma saint' famille languit d'attente "Mourra-t-ell', mourra-t-elle pas ?" L'un veut son or, l'autre veut ses meubles Qui ses bijoux, qui ses bib'lots Qui ses forêts, qui ses immeubles Qui ses tapis, qui ses tableaux...
Moi je n'implore qu'une grâce C'est qu'ell' pass' la morte-saison Au cimetièr' du Montparnasse A quatre pas de ma maison
Ainsi chantait, la mort dans l'âme Un jeune homm' de bonne tenue En train de ranimer la flamme Du soldat qui lui était connu Or, il advint qu'le ciel eut marr' de L'entendre parler d'ses caveaux Et Dieu fit signe à la camarde De l'expédier rue Froidevaux...
Mais les croqu'-morts, qui étaient de Chartres Funeste erreur de livraison Menèr'nt sa dépouille à Montmartre De l'autr' côté de sa maison
La balada de los cementerios
Tengo tumbas en abundancia Sepulturas a discreción, En todos los cementerios de cierta relevancia Tengo mi pequeña concesión Desde el humilde túmulo hasta el mausoleo Siempre con alguien dentro Tengo las avenidas llenas de montículos, Y estoy triste, sin embargo...
Pues no tengo, y eso me irrita Y eso deshonra mi apellido
En el cementerio de Montparnasse A cuatro pasos de mi casa
Tengo en el Pére-Lachaise En Bagneux, en Thiais, en Pantin E incluso, aunque le pese, En el fondo del cementerio marino ,En la ciudad como en el campo En cualquier sitio donde se pueda hacer un agujero, Tengo, incluso, tumbas en España Que me envidien un poco...
Pero no tengo ni la más mínima huella, Ni la más humilde sospecha En el cementerio de Montparnasse A cuatro pasos de mi casa
El día de difuntos, corro, vuelo Voy infatigablemente De necrópolis en necrópolis De lápida en monumento Se me ve bajo una corona De siemprevivas en Champerret Y un poco después, es en Charonne Donde se me ve bajo un ciprés...
Pero, sólo un bribón tendrá la audacia De decir: “Lo vi cerca Del cementerio de Montparnasse A cuatro pasos de su casa”.
Delante del castillo de mi tía abuela La marquesa de Carabas Mi santa familia languidece esperando “¿Morirá o no morirá?” El uno quiere su oro, el otro quiere sus muebles Este sus joyas, este sus baratijas, Este sus bosques, este sus inmuebles Este sus tapices, este sus cuadros...
Yo sólo pido una gracia Que ella pase la otra vida En el cementerio de Montparnasse A cuatro pasos de mi casa
Así cantaba, muy afligido, Un joven de buen aspecto Reavivando la hoguera Del soldado que le era conocido. Pero, sucedió que el cielo se hartó De oirlo hablar de sus tumbas Y Dios le hizo una señal a la Muerte Para que lo mandase a la calle Froidevaux...
Pero los enterradores, que eran de Chartres, Funesto error en la entrega, Llevaron sus despojos a Montmartre Al otro lado de su casa.
Versión de JesusLibellés : Georges Brassens |
posted by Alfil @ 4:00 AM |
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