dimanche, avril 23, 2006

Charles Baudelaire -La servante...-

La servante...
Charles Baudelaire (1821-1867)

La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse,
Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse,
Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs.
Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,
Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres,
Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,
Certe, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,
A dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps,
Tandis que, dévorés de noires songeries,
Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries,
Vieux squelettes gelés travaillés par le ver,
Ils sentent s'égoutter les neiges de l'hiver
Et le siècle couler, sans qu'amis ni famille
Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille.
Lorsque la bûche siffle et chante, si le soir
Calme, dans le fauteuil je la voyais s'asseoir,
Si, par une nuit bleue et froide de décembre,
Je la trouvais tapie en un coin de ma chambre,
Grave, et venant du fond de son lit éternel
Couver l'enfant grandi de son oeil maternel,
Que pourrais-je répondre à cette âme pieuse,
Voyant tomber des pleurs de sa paupière creuse?


A la criada...

A la criada de la que con toda el alma estabais celosa
Y que duerme su sueño bajo un humilde césped,
Debiéramos, sin embargo, llevarle algunas flores.
Los muertos, los pobres muertos, tienen grandes dolores,
Y cuando Octubre sopla, talador de viejos árboles,
Su viento melancólico alrededor de sus mármoles,
En verdad, deben encontrar los vivos harto ingratos,
Durmiendo, como lo hacen, cálidamente entre sus sábanas,
Mientras que, devorados por negras ensoñaciones,
Sin compañero de lecho, sin gratas conversaciones,
Viejos esqueletos helados consumidos por el gusano,
Sienten escurrirse las nieves del invierno
Y el siglo transcurrir, sin que amigos ni familia
Reemplacen los jirones que penden de su verja.
Cuando el leño silba y canta, si en la tarde,
Tranquila, en el sillón yo la veía sentarse,
Si, en una noche azul y fría de diciembre,
Yo la encontraba acurrucada en un rincón de mi cuarto,
Grave, y viniendo del fondo de su lecho eterno
Incubar el niño crecido bajo su mirada maternal,
¿Qué podría responder yo a esta alma piadosa,
Viendo caer las lágrimas de su pupila hueca?

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