Une nuit que j'étais...
Charles Baudelaire (1821-1867)
Une nuit que j'étais près d'une affreuse Juive,
Comme au long d'un cadavre un cadavre étendu,
Je me pris à songer près de ce corps vendu
A la triste beauté dont mon désir se prive.
Je me représentai sa majesté native,
Son regard de vigueur et de grâces armé,
Ses cheveux qui lui font un casque parfumé,
Et dont le souvenir pour l'amour me ravive.
Car j'eusse avec ferveur baisé ton noble corps,
Et depuis tes pieds frais jusqu'à tes noires tresses
Déroulé le trésor des profondes caresses,
Si, quelque soir, d'un pleur obtenu sans effort
Tu pouvais seulement, ô reine des cruelles!
Obscurcir la splendeur de tes froides prunelles.
Una noche que estaba...
Una noche que estaba junto a una horrible judía,
Como a la vera de un cadáver, un cadáver tendido,
Me dediqué a pensar, cerca de aquel cuerpo vendido,
En la triste belleza de la que mi deseo se priva.
Me representé su majestad nativa,
Su mirada de vigor y de gracias armada,
Sus cabellos que le forman un casco perfumado,
Y cuyo recuerdo para el amor me reanima.
Porque yo hubiera con fervor besado tu noble cuerpo,
Y desde tus pies frescos hasta tus negras trenzas
Desplegado el tesoro de las profundas caricias,
Si, cualquier noche, con lágrimas derramadas sin esfuerzo.
Pudieras solamente, ¡oh reina de crueldad!
Oscurecer el esplendor de tus frías pupilas.
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