L'aube spirituelle
Charles Baudelaire (1821-1867)
Quand chez les débauchés l'aube blanche et vermeille
Entre en société de l'Idéal rongeur,
Par l'opération d'un mystère vengeur
Dans la brute assoupie un ange se réveille.
Des Cieux Spirituels l'inaccessible azur,
Pour l'homme terrassé qui rêve encore et souffre,
S'ouvre et s'enfonce avec l'attirance du gouffre.
Ainsi, chère Déesse, Etre lucide et pur,
Sur les débris fumeux des stupides orgies
Ton souvenir plus clair, plus rose, plus charmant,
A mes yeux agrandis voltige incessamment.
Le soleil a noirci la flamme des bougies;
Ainsi, toujours vainqueur, ton fantôme est pareil,
Ame resplendissante, à l'immortel soleil!
El alba espiritual
Cuando entre los disolutos el alba blanca y bermeja
Se asocia con el Ideal roedor,
Por obra de un misterio vengador
En el bruto adormecido un ángel se despierta.
De los Cielos Espirituales el inaccesible azur,
Para el hombre abatido que aún sueña y sufre,
Se abre y se hunde con la atracción del abismo.
Así, cara Diosa, Ser lúcido y puro,
Sobre los restos humeantes de estúpidas orgías
Tu recuerdo más claro, más rosado, más encantador,
Ante mis ojos agrandados voltigea incesante
El sol ha oscurecido la llama de las bujías;
¡Así, siempre vencedor, tu fantasma se parece,
Alma resplandeciente, al sol inmortal!
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