Je te donne ces vers...
Charles Baudelaire (1821-1867)
Je te donne ces vers afin que si mon nom
Aborde heureusement aux époques lointaines,
Et fait rêver un soir les cervelles humaines,
Vaisseau favorisé par un grand aquilon,
Ta mémoire, pareille aux fables incertaines,
Fatigue le lecteur ainsi qu'un tympanon,
Et par un fraternel et mystique chaînon
Reste comme pendue à mes rimes hautaines;
Etre maudit à qui, de l'abîme profond
Jusqu'au plus haut du ciel, rien, hors moi, ne répond!
- O toi qui, comme une ombre à la trace éphémère,
Foules d'un pied léger et d'un regard serein
Les stupides mortels qui t'ont jugée amère,
Statue aux yeux de jais, grand ange au front d'airain!
Yo te doy estos versos...
Yo te doy estos versos a fin de que, si mi nombre
Aborda afortunadamente las épocas lejanas,
Y hace soñar una noche los cerebros humanos,
Navío favorecido por un gran aquilón,
Tu memoria, semejante a las fábulas inciertas,
Fatiga al lector como un tímpano,
Y por un fraternal y místico eslabón
Queda como pendiente de mis rimas altivas;
Ser maldito a quien, del abismo profundo
Hasta lo más alto del cielo, nada, fuera de mí, responde;
-¡Oh tú que, como una sombra de rastro efímero,
Hollas con un paso leve y una mirada serena
Los estúpidos mortales que te han juzgado amarga,
Estatua con ojos de jade, gran ángel con la frente de bronce!
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