Duellum
Charles Baudelaire (1821-1867)
Deux guerriers ont couru l'un sur l'autre, leurs armes
Ont éclaboussé l'air de lueurs et de sang.
Ces jeux, ces cliquetis du fer sont les vacarmes
D'une jeunesse en proie à l'amour vagissant.
Les glaives sont brisés! comme notre jeunesse,
Ma chère! Mais les dents, les ongles acérés,
Vengent bientôt l'épée et la dague traîtresse.
- O fureur des coeurs mûrs par l'amour ulcérés!
Dans le ravin hanté des chats-pards et des onces
Nos héros, s'étreignant méchamment, ont roulé,
Et leur peau fleurira l'aridité des ronces.
- Ce gouffre, c'est l'enfer, de nos amis peuplé!
Roulons-y sans remords, amazone inhumaine,
Afin d'éterniser l'ardeur de notre haine!
Duellum
Dos guerreros se han precipitado uno sobre el otro; sus armas
Han salpicado el aire con destellos y sangre.
Estos juegos, estos tintineos del hierro son el estrépito
De una juventud víctima del amor plañidero.
¡Las espadas se han quebrado! como nuestra juventud,
¡Mi querida! Pero los dientes, las uñas aceradas,
Vengan pronto la espada y la daga traidora.
-¡Oh, furor de los corazones maduros por el amor ulcerados!
En el barranco frecuentado por panteras y onzas
Nuestros héroes, agarrándose malamente, han rodado,
Y su piel florecerá la aridez de las zarzas.
-¡Este abismo, es el infierno, por nuestros amigos habitado!
¡Rodemos hacia él, sin remordimientos, amazona inhumana,
A fin de eternizar el ardor de nuestro odio!
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