Ciel brouillé
Charles Baudelaire (1821-1867)
On dirait ton regard d'une vapeur couvert;
Ton oeil mystérieux (est-il bleu, gris ou vert?)
Alternativement tendre, rêveur, cruel,
Réfléchit l'indolence et la pâleur du ciel.
Tu rappelles ces jours blancs, tièdes et voilés,
Qui font se fondre en pleurs les coeurs ensorcelés,
Quand, agités d'un mal inconnu qui les tord,
Les nerfs trop éveillés raillent l'esprit qui dort.
Tu ressembles parfois à ces beaux horizons
Qu'allument les soleils des brumeuses saisons...
Comme tu resplendis, paysage mouillé
Qu'enflamment les rayons tombant d'un ciel brouillé!
O femme dangereuse, ô séduisants climats!
Adorerai-je aussi ta neige et vos frimas,
Et saurai-je tirer de l'implacable hiver
Des plaisirs plus aigus que la glace et le fer?
Cielo encapotado
Se diría tu mirar por un vapor cubierto;
Tu pupila misteriosa (¿es azul, gris o verde?)
Alternativamente tierna, soñadora, cruel,
Refleja la indolencia y la palidez del cielo.
Tú recuerdas esos días blancos, tibios y velados,
Que hacen fundirse en lágrimas los corazones hechizados,
Cuando, agitados por un mal desconocido que los tuerce,
Los nervios demasiado despiertos se burlan del espíritu que duerme.
Te asemejas a veces a esos bellos horizontes
Que iluminan los soles de las brumosas estaciones...
¡Cómo resplandeces, paisaje humedecido
Que inflaman los rayos cayendo de un cielo encapotado!
¡Oh, mujer peligrosa, oh seductores climas!
¿Adoraré también tu nieve y tu escarcha,
Y, lograré extraer del implacable invierno
Placeres más agudos que el hielo y el hierro?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire