dimanche, avril 23, 2006

Charles Baudelaire -Chant d'automne-

Chant d'automne
Charles Baudelaire (1821-1867)

I
Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts!
J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.

Tout l'hiver va rentrer dans mon être: colère,
Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon coeur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé.

J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe
L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
Sous les coups du bélier infatigable et lourd.

II me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui? - C'était hier l'été; voici l'automne!
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.

II
J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre,
Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer,
Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre,
Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.

Et pourtant aimez-moi, tendre coeur! soyez mère,
Même pour un ingrat, même pour un méchant;
Amante ou soeur, soyez la douceur éphémère
D'un glorieux automne ou d'un soleil couchant.

Courte tâche! La tombe attend - elle est avide!
Ah! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux,
Goûter, en regrettant l'été blanc et torride,
De l'arrière-saison le rayon jaune et doux!


Canto de Otoño

I
Pronto nos hundiremos en las frías tinieblas;
¡Adiós, viva claridad de nuestros menguados estíos!
Escucho ya caer con resonancias fúnebres
La leña retumbante sobre el empedrado de los patios.

Todo el invierno va a penetrar en mi ser: cólera,
Odio, estremecimientos, horror, trabajo duro y forzado,
Y, como el sol en su infierno polar,
Mi corazón no será más que un bloque rojo y helado.

Escucho temblando cada leño que cae;
El patíbulo que erigen no tiene eco más sordo.
Mi espíritu se asemeja a la torre que sucumbe
Bajo la arremetida del ariete infatigable y pesado.

Me parece que, mecido por este chocar monótono,
Clavarán con gran prisa en alguna parte un ataúd,
¿Para quién? -Ayer era verano; ¡he aquí el otoño!
Este ruido misterioso repercute como un adiós.

II
De tu lánguida mirada amo la luz verdosa,
Dulce beldad; pero hoy todo me es amargo,
Y nada, ni tu amor, ni tu alcoba, ni el hogar,
Valen para mí lo que el sol radiante sobre el mar.

Y sin embargo, ámame, ¡corazón tierno! sé maternal
Hasta para un ingrato, aún para un perverso;
Amante o hermana, sé la dulzura efímera
De un glorioso otoño o de un sol poniente.

¡Breve tarea! La tumba aguarda; ¡Está ávida!
¡Ah! Déjame, mi frente posada sobre tus rodillas,
gustar, añorando el estío blanco y tórrido,
Del otoño el destello amarillo y dulce!

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